Rencontre avec Chrystelle Maréchal autour de "Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang"
Nous avons le grand plaisir de vous proposer une nouvelle occasion de rencontrer Madame Chrystelle Maréchal pour la présentation de son ouvrage "Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang" édité par l'Asiathèque.
La découverte des inscriptions sur os et carapaces en 1899 et l'identification ultérieure des ruines de la dernière capitale des Shang à Xiaotún, près d'Anyáng dans la province du Hénán, ont marqué un tournant dans les études sur la Chine archaïque. Ces inscriptions représentent en effet la plus ancienne forme de l'écriture chinoise et une source documentaire inestimable sur les origines de la civilisation chinoise. La plupart sont de nature divinatoire et datent des règnes des derniers souverains de la dynastie Shang (env. 1300-1100 av. J.-C.). Elles doivent leur appellation d'"inscriptions sur os et carapaces", en chinois jiaguwén (JGW), au fait qu'elles ont été gravées sur des os d'animaux (principalement des omoplates de bovins) et des carapaces de tortue (dossières ou plastrons). C'est grâce à leur étude que Wáng Guówéi, l'un des plus éminents chercheurs chinois du début du XXe siècle, fut en mesure d'identifier les noms des rois Shang et de démontrer l'historicité de personnages précédemment considérés comme légendaires, confirmant du même coup l'authenticité de l'histoire des Shang rapportée par Sima Qian (145-86 av.J.-C.) dans ses Mémoires historiques (Shijì). Les jiaguwén sont l'un des plus anciens systèmes d'écriture de l'humanité, avec l'écriture cunéiforme, les hiéroglyphes égyptiens et les glyphes maya. Bien qu'elle soit restée en usage sans discontinuer jusqu'à nos jours, depuis sa forme première que sont les inscriptions sur os et carapaces, l'écriture chinoise est loin de jouir en Occident de la popularité dont bénéficient les autres écritures logographiques.
Cet ouvrage présente une collection de cent vingt inscriptions sur os et carapaces (JGW) datant de la fin de la dynastie Shang (env. 1300-1046 av. J.-C.) et traitant de thèmes tels que le calendrier, l'astronomie, la royauté, les rites sacrificiels, la chasse, l'agriculture et la guerre. La présentation de chaque pièce consiste en un estampage (tàben), un fac-similé (móben), le texte de l'inscription en police d'écriture JGW, sa transcriptions en caractères chinois et en pinyin, sa traduction en français, des commentaires et des planches d'entraînement. Glossaire, bibliographie, tableaux et graphiques, développements sur la découverte des jiaguwén et l'histoire comparée des écritures anciennes sont donnés dans les annexes.
L'auteur, Chen Kuang-Yuest titulaire d'un Ph.D. de l'université de Yale. Il est professeur émérite de l'université Rutgers (département de chimie et de biologie chimique, département des langues et cultures asiatiques). Membre du Conseil de l'Institut Confucius à Rutgers, il est aussi membre élu de l'Association américaine pour l'avancement des sciences et est intervenu dans divers congrès internationaux. Il a étudié les inscriptions sur os et carapaces et l'archéologie à l'université nationale de Taiwan (Taipei) et à la Graduate School de l'université de Yale. Il a enseigné les jiăgŭwénà l'université Rutgers pendant plus de dix ans.
La traductrice, Chrystelle Maréchal est chargée de recherche hors classe au CNRS. Depuis 1998, elle est rattachée au Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. Ses recherches portent sur l'évolution de l'écriture chinoise depuis les Shāng jusqu'aux Hàn. En 2006, elle a obtenu en Chine le prix Shāng Chéngzuò pour sa contribution aux études épigraphiques chinoises. De 2009 à 2013, elle a dirigé à l'EHESS un séminaire ouvert à tous intitulé « Écriture archaïque chinoise ». Ces dernières années, elle a aussi travaillé sur l'histoire de la simplification de l'écriture chinoise.