François Jullien [COMPLET]
Nous avons le grand honneur de vous proposer une rencontre avec François Jullien à l'occasion de la sortie de l'ouvrage "Moïse ou la Chine, quand ne se déploie pas l'idée de Dieu" aux éditions de l'Observatoire. [INSCRIPTIONS CLOSES]
N'est-il pas temps d'enquêter sur « Dieu » au-delà de la croyance ou de l'athéisme – du pour ou contre Dieu – et d'abord sur la grande affaire que Dieu a provoquée culturellement en Occident ? Et même qui, pour une si large part, a fait l'« Occident »…
Je dégage ici des partis pris majeurs de l'idée de Dieu en explorant l'écart ouvert en vis-à-vis par la langue et par la pensée chinoises où la ligure de Dieu, entrevue aux premiers temps de la civilisation, ne s'est pas déployée ; comme telle, n'a guère intéressé. Quel enseignement tirer de ce dévisagement pour le temps présent où l'idée de Dieu, en Europe, est en retrait ? Ne peut-il servir à la déconstruire plutôt qu'à la rejeter.
Ce faisant, j'interroge la philosophie à nouveaux frais en la confrontant à un autre avènement possible de la pensée. Si « Dieu » n'y sert plus de clef de voûte à la vie comme à la vérité, ou s'il n'est plus porteur de Sens ? Car fallait-il penser la Vérité ? Ne sufIisait-t-il pas d'élucider la cohérence du grand Procès du monde (le « Ciel »), d'en éprouver la « viabilité » infinie (le tao) ?
Comme le divers des cultures est le nouvel horizon du monde, il s'agit également, en suivant cette piste, de penser les conditions d'un dialogue interculturel qui soit effectif. Ou comment penser entre des langues et des pensées ?
Les plus grands textes de la Chine ancienne, relus ici, serviront du coup d'introduction à la pensée chinoise. Celle-ci n'y est plus alignée sur la philosophie européenne – puisqu'elle s'explore par écart d'avec elle – mais interrogée dans ses ressources et ses présupposés.
De là se détachent aussi quelques orientations majeures, entre civilisations, dont l'enjeu géo-politique est à méditer pour s'orienter dans l'avenir.
F.J.
N'est-il pas temps d'enquêter sur « Dieu » au-delà de la croyance ou de l'athéisme – du pour ou contre Dieu – et d'abord sur la grande affaire que Dieu a provoquée culturellement en Occident ? Et même qui, pour une si large part, a fait l'« Occident »…
Je dégage ici des partis pris majeurs de l'idée de Dieu en explorant l'écart ouvert en vis-à-vis par la langue et par la pensée chinoises où la ligure de Dieu, entrevue aux premiers temps de la civilisation, ne s'est pas déployée ; comme telle, n'a guère intéressé. Quel enseignement tirer de ce dévisagement pour le temps présent où l'idée de Dieu, en Europe, est en retrait ? Ne peut-il servir à la déconstruire plutôt qu'à la rejeter.
Ce faisant, j'interroge la philosophie à nouveaux frais en la confrontant à un autre avènement possible de la pensée. Si « Dieu » n'y sert plus de clef de voûte à la vie comme à la vérité, ou s'il n'est plus porteur de Sens ? Car fallait-il penser la Vérité ? Ne sufIisait-t-il pas d'élucider la cohérence du grand Procès du monde (le « Ciel »), d'en éprouver la « viabilité » infinie (le tao) ?
Comme le divers des cultures est le nouvel horizon du monde, il s'agit également, en suivant cette piste, de penser les conditions d'un dialogue interculturel qui soit effectif. Ou comment penser entre des langues et des pensées ?
Les plus grands textes de la Chine ancienne, relus ici, serviront du coup d'introduction à la pensée chinoise. Celle-ci n'y est plus alignée sur la philosophie européenne – puisqu'elle s'explore par écart d'avec elle – mais interrogée dans ses ressources et ses présupposés.
De là se détachent aussi quelques orientations majeures, entre civilisations, dont l'enjeu géo-politique est à méditer pour s'orienter dans l'avenir.
F.J.