Quand les lieux prennent vie
Dans nombreuses de nos dernières lectures, un schéma commun nous est apparu : la métamorphose d'un lieu en un personnage principal de l'histoire.
En effet, au travers de leurs romans ou de leurs œuvres, nos autrices et auteurs donnent de véritables sentiments à un lieu par l'intermédiaire de leurs personnages ou bien simplement en lui donnant chair et os, en le personnifiant. Les espaces personnifiés peuvent évidemment varier. Ils passent d'une maison, d'une boutique, à une ville et peuvent même s'étendre à des zones encore plus vastes.
Aujourd'hui, nous avons donc souhaité vous inviter à un voyage romancé dans lesquels les lieux prennent les visages des personnes qui les habitent, de leurs auteurs mais aussi de nous autres lecteurs.
Bangkok déluge, de Pitchaya Sudbanthad ne sera pas une surprise, disons que tout est dans le titre. Dans ce roman chorale, l'étendue du temps qui passe est mise en image par les personnes peuplant Bangkok, leurs liens, leurs interactions et leurs évolutions. Elle vient ensuite se refléter au travers de cette ville tentaculaire. Construite sur des marais, Bangkok s'est littéralement répandue, à l'unisson de sa population. Les nombreux personnages représentent les multiples visages que peuvent prendre Bangkok, à la fois foyer, refuge, elle est aussi le cœur de conflits familiaux et plus largement politiques. La poésie et l'intelligence de ce beau roman ne pourront que vous séduire.
Au contraire de Bangkok Déluge, dans Les touristes du désastre, nous sommes en présence d'une véritable jonction entre un personnage unique, Ko Yona et un lieu, en l'occurrence une île. Dans un flou de plus en plus opaque, le destin de l'île se fond dans celui de Ko Yona si bien que la réalité finit par se déformer en un cauchemar prolongé qui laisse indécis sur la substance même de notre protagoniste.
Dans Le bateau-usine, comme son nom l'indique, nous sommes sur un chalutier qui transporte en son sein de nombreux ouvriers. Le bateau craque, tangue, pue, dégouline de saletés. Il est un personnage à part entière tant son ombre est présente sur tout le récit. C'est sur ses planches que va se produire la lutte de ces ouvriers, sur ses planches que dégoulinent la sueur et le sang de ces hommes et femmes.
Dans L'Usine, un bâtiment déploie aussi son ombre sur un ensemble de personnages : des employés d'un complexe industriel. Nos trois protagonistes font partie de cette entreprise sans trop savoir pourquoi ils ont été embauchés tant leurs tâches leur semblent invraisemblables, vides de sens et futiles. Ils sont là à leur poste, sans avoir de réelles ambitions, ils sont là car ils doivent bien travailler. Tout est à leur disposition dans ce grand complexe : restaurants, salles de sport, parcs, activités, logements... Le temps passe, les heures défilent, les chronologies se mélangent. La monotonie de leurs tâches nous envahit et nous interroge sur l'aliénation au travail. L'ambiance est sombre, le rythme est lent. On avance à pas de loup pour mieux comprendre cet univers qui représente bien le monde du travail et qui pourtant nous semble si éloigné, comme si ce complexe se trouvait dans un brouillard dont les employés ne peuvent plus sortir car ils ne savent plus qu'ils y sont...
Dans Tant que le café est encore chaud, l'histoire se passe dans un petit café qui ne paie pas de mine, où les âmes s'échouent par le plus grand des hasard. Pourtant ce café est bien particulier, en effet, une légende urbaine y serait rattachée : quiconque s'assoit sur une chaise bien précise pourra retourner dans le passé ou se rendre dans le futur. Mais attention il y a de nombreuses règles à respecter ! Le lieu est un personnage clef du roman, il est le lien entre le passé, le présent et le futur et nous reconstruisons tout un puzzle en associant diverses histoires et personnages.
Les miracles du bazar Namiya fonctionne un peu sur le même principe que le livre ci-dessus. Trois cambrioleurs se réfugient dans une ancienne quincaillerie, ils vont vite découvrir que ce lieu leur réserve beaucoup de surprises. Ils apprennent que ce bazar est réputé pour résoudre les problèmes des gens, ils vont donc répondre aux personnes qui leur envoient des lettres. Nous allons rapidement comprendre que ce lieu est ancré hors du temps, il fait le lien entre passé et présent, futur et présent. Il est le lieu qui permet des rencontres épistolaires.
Dans Au prochain arrêt, nous suivons des personnages qui arpentent les lignes reliant Takazazuka à Nishinomiya. Ces personnages se croisent dans les gares, dans les wagons. Les récit est divisé en deux parties : l'aller et le retour, ce qui nous permet de suivre certaines personnes à différents moments de leur vie. Le train devient lieu et personnage, témoin de ces rencontres, il permet cette pause, ce rythme différent qui crée ces temps uniques. Ce livre est un roman sur le temps, sur certains instants en apparence anodins, qui peuvent changer la vie de personne. Des rencontres censées être éphémères qui peuvent se transformer en histoire d'amour et d'amitié, des discussions qui nous font prendre de la hauteur, qui nous donnent des perspectives d'avenir là où on n'en voyait plus. Ces moments sont d'une rare beauté, ils sont suspendus dans le temps, le temps d'un trajet de train, d'un changement de ligne.
Clémence et Laura
En effet, au travers de leurs romans ou de leurs œuvres, nos autrices et auteurs donnent de véritables sentiments à un lieu par l'intermédiaire de leurs personnages ou bien simplement en lui donnant chair et os, en le personnifiant. Les espaces personnifiés peuvent évidemment varier. Ils passent d'une maison, d'une boutique, à une ville et peuvent même s'étendre à des zones encore plus vastes.
Aujourd'hui, nous avons donc souhaité vous inviter à un voyage romancé dans lesquels les lieux prennent les visages des personnes qui les habitent, de leurs auteurs mais aussi de nous autres lecteurs.
Bangkok déluge, de Pitchaya Sudbanthad ne sera pas une surprise, disons que tout est dans le titre. Dans ce roman chorale, l'étendue du temps qui passe est mise en image par les personnes peuplant Bangkok, leurs liens, leurs interactions et leurs évolutions. Elle vient ensuite se refléter au travers de cette ville tentaculaire. Construite sur des marais, Bangkok s'est littéralement répandue, à l'unisson de sa population. Les nombreux personnages représentent les multiples visages que peuvent prendre Bangkok, à la fois foyer, refuge, elle est aussi le cœur de conflits familiaux et plus largement politiques. La poésie et l'intelligence de ce beau roman ne pourront que vous séduire.
Au contraire de Bangkok Déluge, dans Les touristes du désastre, nous sommes en présence d'une véritable jonction entre un personnage unique, Ko Yona et un lieu, en l'occurrence une île. Dans un flou de plus en plus opaque, le destin de l'île se fond dans celui de Ko Yona si bien que la réalité finit par se déformer en un cauchemar prolongé qui laisse indécis sur la substance même de notre protagoniste.
Dans Le bateau-usine, comme son nom l'indique, nous sommes sur un chalutier qui transporte en son sein de nombreux ouvriers. Le bateau craque, tangue, pue, dégouline de saletés. Il est un personnage à part entière tant son ombre est présente sur tout le récit. C'est sur ses planches que va se produire la lutte de ces ouvriers, sur ses planches que dégoulinent la sueur et le sang de ces hommes et femmes.
Dans L'Usine, un bâtiment déploie aussi son ombre sur un ensemble de personnages : des employés d'un complexe industriel. Nos trois protagonistes font partie de cette entreprise sans trop savoir pourquoi ils ont été embauchés tant leurs tâches leur semblent invraisemblables, vides de sens et futiles. Ils sont là à leur poste, sans avoir de réelles ambitions, ils sont là car ils doivent bien travailler. Tout est à leur disposition dans ce grand complexe : restaurants, salles de sport, parcs, activités, logements... Le temps passe, les heures défilent, les chronologies se mélangent. La monotonie de leurs tâches nous envahit et nous interroge sur l'aliénation au travail. L'ambiance est sombre, le rythme est lent. On avance à pas de loup pour mieux comprendre cet univers qui représente bien le monde du travail et qui pourtant nous semble si éloigné, comme si ce complexe se trouvait dans un brouillard dont les employés ne peuvent plus sortir car ils ne savent plus qu'ils y sont...
Dans Tant que le café est encore chaud, l'histoire se passe dans un petit café qui ne paie pas de mine, où les âmes s'échouent par le plus grand des hasard. Pourtant ce café est bien particulier, en effet, une légende urbaine y serait rattachée : quiconque s'assoit sur une chaise bien précise pourra retourner dans le passé ou se rendre dans le futur. Mais attention il y a de nombreuses règles à respecter ! Le lieu est un personnage clef du roman, il est le lien entre le passé, le présent et le futur et nous reconstruisons tout un puzzle en associant diverses histoires et personnages.
Les miracles du bazar Namiya fonctionne un peu sur le même principe que le livre ci-dessus. Trois cambrioleurs se réfugient dans une ancienne quincaillerie, ils vont vite découvrir que ce lieu leur réserve beaucoup de surprises. Ils apprennent que ce bazar est réputé pour résoudre les problèmes des gens, ils vont donc répondre aux personnes qui leur envoient des lettres. Nous allons rapidement comprendre que ce lieu est ancré hors du temps, il fait le lien entre passé et présent, futur et présent. Il est le lieu qui permet des rencontres épistolaires.
Dans Au prochain arrêt, nous suivons des personnages qui arpentent les lignes reliant Takazazuka à Nishinomiya. Ces personnages se croisent dans les gares, dans les wagons. Les récit est divisé en deux parties : l'aller et le retour, ce qui nous permet de suivre certaines personnes à différents moments de leur vie. Le train devient lieu et personnage, témoin de ces rencontres, il permet cette pause, ce rythme différent qui crée ces temps uniques. Ce livre est un roman sur le temps, sur certains instants en apparence anodins, qui peuvent changer la vie de personne. Des rencontres censées être éphémères qui peuvent se transformer en histoire d'amour et d'amitié, des discussions qui nous font prendre de la hauteur, qui nous donnent des perspectives d'avenir là où on n'en voyait plus. Ces moments sont d'une rare beauté, ils sont suspendus dans le temps, le temps d'un trajet de train, d'un changement de ligne.
Clémence et Laura