Les liens familiaux dans les littératures du monde Indien
A l'occasion de la sortie du dernier roman de Shilpi Somaya Gowda, La famille, nous vous proposons une sélection autour de cette thématique, ô combien présente dans le monde littéraire. Ici, nous nous intéresserons en particulier aux liens familiaux dépeint dans les littératures du monde Indien.
Parents et enfants
Dans La fiancée pakistanaise, nous partons visiter les contrées reculées du Pakistan. Qasim, ancien montagnard exilé à Lahore, va changer à tout jamais la vie de la petite Kaïtoon en décidant de l'adopter. Cependant, plus les années passent et plus l'homme devient nostalgique de ses montagnes natales du Kohistan. Il décide alors d'y retourner et d'y marier sa fille, sans savoir qu'il la condamne à un quotidien de drames et de violences. Est-ce que Kaïtoon pourra s'en sortir ? Le passé mystérieux de Qasim et le destin incertain de sa fille adoptive vont en émouvoir plus d'un.
Découvrez comment l'énigmatique Ashaa Rani a réussi à conquérir Bollywood dans ce roman captivant de Shobhaa De. Dès ses quinze ans, l'héroïne est poussée dans le lit des producteurs par sa propre mère afin de se faire une place dans le cinéma musical. Suivez son évolution dans un monde où la femme est hyper sexualisée et n'a pas son mot à dire. Cette histoire est le reflet d'une triste réalité à laquelle sont confrontées, encore aujourd'hui, de nombreuses actrices de Bollywood. Ashaa Rani va faire une erreur : celle de tomber amoureuse dans cet environnement cruel.
Dans Les veuves de Malabar Hill, l'auteure nous plonge dans l'Inde des années 20 où nous côtoyons notre jeune assistante juridique, inspirée de la première femme Indienne à avoir pu passer le barreau. Cette jeune femme aide son père à préparer les affaires qu'il ira plaider devant la cour. Dès le début on sent qu'une histoire tragique de son passé la hante ce qui nous intrigue beaucoup et nous happe dans le récit ! La jeune femme s'empare d'une affaire qu'elle va diriger car elle est la seule qui peut dialoguer avec les personnes concernées, ce sont des femmes dont le culte ne leur permet pas de parler et voir des hommes qui ne font pas partie de leur famille. On découvre tout un pan de cette culture. Ces femmes vivent dans une jolie prison dorée qui leur donne l'impression d'être protégées des dangers de l'extérieur. Mais que faire quand le danger vient de l'intérieur ? Perveen est issue d'une famille très moderne et ouverte d'esprit, mais dans son passé, elle a pu côtoyer une famille traditionaliste, et avoir une toute autre vision de la société indienne, hors de son cocon familial.
Taslima Nasreen nous fait voyager dans son Bangladesh natal à travers Lajja, l'histoire d'un père et son fils désemparés face aux persécutions religieuses qui sévissent dans leur pays. La publication de ce roman va être lourde de conséquences pour l'auteur. Pour y avoir dénoncé l'oppression musulmane sur les familles hindous, elle est victime d'une fatwa en 1993 et est contrainte de fuir en Europe. Lajja, qui signifie "la honte" en bengali, est un roman poignant qui nous plonge dans une longue et lente descente aux enfers avec Sudhamoy Datta et sa famille...
Frères et sœurs
Connaissez-vous le cricket ? C'est un sport extrêmement populaire en Inde qui se joue avec une batte et une balle. Le but est de marquer plus de courses que l'équipe adverse. Les frères Manju et Radha, personnages de La sélection d'Aravind Adiga, en sont passionnés. Ils sont même plutôt doués, surtout Radha, et vont bientôt devenir des étoiles montantes du cricket. Ce livre ne se résume pas à une histoire de sport. C'est aussi l'histoire d'une rivalité entre frères, l'histoire d'une haine commune pour un père violent, l'histoire d'un entraîneur impitoyable avec ses élèves. Attention lecteur(s), ce roman est plus sombre qu'il n'y paraît !
Les incroyables aventures des sœurs Shergill est une histoire drôle et tendre. Une histoire où des sœurs ne se font pas de cadeaux entre elles, où la tradition se dispute avec la modernité, où les non-dits rongent une famille. La mère se sait mourante et laisse pour seul testament, une lettre où elle demande à ses filles de faire le voyage qu'elle n'a pas pu accomplir, un pèlerinage en Inde. Derrière cette demande se cache bien sûr le désir de voir ses filles enfin réunies.
3 sœurs, 3 caractères bien distincts, 3 modes de vie différents. L'aînée est assez froide, tente de tout contrôler et veut protéger ses proches au point de les étouffer voire de les blesser. Elle se retrouve à partir en voyage pile poil au moment où son fils de 18 ans lui annonce qu'il va se marier avec une femme de plus de 30 ans qui est enceinte. La cadette veut devenir une star du cinéma mais peine à y arriver et se retrouve au cœur d'un scandale médiatique juste avant son départ. Quant à la benjamine, elle a choisi de s'engager dans un mariage traditionnel où tout semble lui sourire. Pourtant elle paraît être rongée par un terrible ultimatum que lui a imposé son mari. Ces trois femmes partent donc en voyage spirituel, la tête et leur bagages bien remplis. de péripéties en péripéties, les non-dits sont dévoilés, le linge est lavé sur la place publique, les masques tombent.
Maris et femmes
Dans Quand je te frappe, la narratrice se confond avec l'auteure, la frontière entre la fiction et la réalité se trouble. La narratrice est une jeune écrivaine, une femme libre qui a fait des études, a connu des amourettes et eu le cœur brisé. Elle rencontre un professeur d'université qui a les mêmes idéaux qu'elle, ils se marient très vite. Elle part vivre avec lui. Son mariage s'annonce heureux : mêmes idéaux, tous les deux intellectuels....Et pourtant elle déchante vite.
Son mari se révèle être un pervers narcissique, un extrémiste qui détourne certains principes du communisme pour entraver le moindre de ses mouvements et justifier son comportement. Contrôle de sa boîte mail, enfermement, couper tous ses liens avec ses proches....la battre....la violer. Elle n'échappe à aucune violence, aucun sévices. L'auteure expose tout : la réaction de ses parents quand ils apprennent la violence dont elle est victime (c'est normal, c'est le début du mariage, ne lui donne pas de raisons pour te battre), le fameux "mais tu aurais pu t'enfuir !" ou l'incontournable "pas de nouvelle bonne nouvelle", ses nombreux viols, ce qu'elle a ressenti....Un récit violent mais nécessaire.
Dans Le bûcher, Kumaresan et Saroja tombent follement amoureux faisant fi de leurs origines et castes différentes. Les deux amants se marient clandestinement et retournent dans le village natal de Kumaresan. Ce dernier pense que son épouse se fera accepter facilement par sa famille et les villageois, mais c'était sans compter sur les traditions ancestrales qui régentent la vie de ce village. Peu à peu, les deux époux sont les victimes des injures, des plans machiavéliques des habitants de ce village mais aussi de la mère de Kumaresan. Saroja aime son mari mais face à la haine de sa belle-famille et des villageois, le regret et l'inquiétude l'envahissent. Le bûcher est un terrible roman où la tension monte crescendo jusqu'à cette fin, une fin des plus cruelle...
- Claire et Laura