Sans se vouloir exhaustive, cette sélection vous offrira néanmoins un éclairage sur les ouvrages de haute couture disponibles dans nos rayons.

Gourmande d'idées nouvelles, la mode se nourrit tant dans le temps que dans l’espace. Avec la modernité, les échanges le long de l’échine eurasiatique se sont accélérés et les conceptions textiles en furent tout naturellement impactées. Le XVIIIe siècle a vu déferler en Europe une vague d’objets venus de Chine et d’Inde qui ont fasciné les esprits et bousculé les carcans de l’esthétisme. Au XIXe siècle, le Japon, qui avait longtemps gardé ses frontières fermées, a dû s’ouvrir de force sous la pression des puissances européennes. La révolution Meiji a adopté de manière radicale les idées venues du vieux continent, dans le but d'en imprégner la société japonaise et ainsi mieux se défendre contre les prétentions impérialistes. Malgré cette entrée violente dans la modernité, le Japon est resté très attaché à ses traditions. Si vous vous intéressez à l'histoire de la mode dans ce pays insulaire, le petit livre Tokyo style (en anglais) est une très bonne entrée en matière.

L'un des symboles japonais par excellence n'est autre que le kimono, bout d'étoffe en forme de "T" qui devient vêtement par une combinaison savante de pliages et de nœuds. Les kimonos sont ornés de motifs traditionnels emprunts de codes que l’œil étranger a de la peine à saisir. L'ouvrage Kimono, publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Quai Branly cet hiver, retrace son histoire et le jeu d'influences qui poussa les créateurs à lui donner nouvelle forme. Boro, The Art Of Necessity donne un parfait exemple de comment cet habit peut être repensé, en utilisant pour base des tissus recyclés.

En Chine, l'histoire est différente. L'époque maoïste a annihilé pendant plus de vingt ans tout système de mode. Quand la Chine s'est ouverte au monde capitaliste à la fin des années 1970, certains de ses entrepreneurs ont misé sur les entreprises textiles à faibles coûts de production, transformant ainsi le pays, en quelques années seulement, en "atelier du monde". Le Japon a alors joué un rôle capital en transmettant à la Chine un savoir-faire d'origine occidentale, qui permit à la Chine d'entrer dans l'économie mondiale. La chercheuse Sabine Chrétien-Ichikawa expose cette histoire récente de la mode chinoise dans son livre L'émergence d'une industrie créative en Asie. L'essai écrit par Emilie Joulia Quand la Chine se (re)met à la couture en est d'ailleurs un parfait complément de lecture. Il dresse le portrait de dix femmes qui ont gagné en notoriété dans le monde de la haute couture : la Chine offre aujourd'hui son lot de créateurs de haut vol.

Paris, en tant que capitale de la mode, a aussi puisé son inspiration de la Chine et du Japon. Asia Chic. L'influence des textiles japonais et chinois sur la mode des années folles est un magnifique livre qui met en valeur l'héritage de cette fascination pour l’Extrême-Orient dans les années 30 et tout l'exotisme qui lui fut associé. Édité en version bilingue français-anglais, il est paru à la suite de l'exposition du même titre à la fondation Baur à Genève en 2019. Le livre Quand j'étais un journaliste de mode de Kojiro Akagi est à conseiller à ceux qui s'intéressent aux observations d'un peintre et journaliste de mode japonais qui vécut à Paris pendant les Trente Glorieuses. Ce récit livre son témoignage sur les transformations qui ont eu lieu dans le domaine du textile à cette époque.

Le rayon manga n'est pas en reste pour ce qui est d'aborder la thématique des créations artistiques... Les planches de Kotteri! dans sa série Veil sont des magnifiques illustrations dignes des brochures de mode. Ce manga tient en effet parfois plus du livre d'art que de la BD traditionnelle. Si vous penchez plus pour une belle histoire qui se déroule dans le milieu de la mode, nous vous recommandons vivement la série en trois tomes Paradise Kiss (disponible en français plus que dans sa version intégrale) de la mangaka Ai Yazawa.