Mon panier 0
Mes favoris 0

Exposition « Immigrations est & sud-est asiatiques depuis 1860 »



couv.jpg

Le Palais de la Porte Dorée à Paris fait partie de ces endroits qui vous transportent dans une autre dimension, tant son architecture est grandiose, un « joyau de l’Art déco ». L’histoire de ce lieu lui a donné différentes casquettes, toutes liées à l’Ailleurs. Son histoire commence en 1931, au plein cœur de l’Exposition coloniale. Aujourd’hui, il abrite - autre que l’aquarium tropical - le Musée national de l’histoire de l’immigration.

Nous vous offrons ici nos impressions sur la visite de l'exposition « Immigrations est & sud-est asiatiques depuis 1860 », toujours en cours et qui se terminera le 18 février 2024. Un moyen d’évoquer le catalogue d’exposition que vous trouverez dans notre librairie.

Installée sous la direction d'Émilie Gandon, conservatrice du patrimoine au Palais de la Porte Dorée et de Simeng Wang, sociologue et chargée de recherche du CNRS, l'exposition tâche à expliquer qui sont les immigrés est-asiatiques et chinois qui habitent aujourd’hui en France et quelle est l’histoire de cette immigration depuis 150 ans. Un gros morceau quand on pense au territoire gigantesque que couvre l’origine de ces immigrés, allant de la Thaïlande à la Corée, et dont l’histoire régionale pouvant expliquer l’exil n’est pas la même. Les deux commissaires d’exposition ont pourtant relevé ce défi haut la main !

En suivant les différentes salles, on nous raconte une histoire. Celle-ci débute pendant les guerres de l'opium, à une époque où les échanges sur sol français entre les pays est-asiatiques et la France se déroulent principalement au niveau des élites. Des délégations seront reçues par Napoléon III à Fontainebleau, avec des cadeaux d’une somptuosité bluffante. Puis arrive le temps des expositions universelles, en plein âge d’or de l’impérialisme européen. La France veut démontrer sa puissance en exposant les trésors des territoires conquis. A Paris, l’État français invite par ce biais-là exposants et exposés, mettant en scène le fantasme de l’exotisme.

On quitte le rêve de la soie et des porcelaines avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale. La France est en manque de main d’œuvre criant quand ses hommes s’en vont au front et les territoires colonisés représentent alors un véritable réservoir de force de travail. Ils viennent d’Indochine et de Chine (les représentants du ministère français de la Guerre y négocieront des recrutement). « L’arrivée soudaine en métropole de plus de 230 000 Asiatiques ne passe évidemment pas inaperçue et cette présence nouvelle est riche d’enjeux multiples » (catalogue d’expo. page 74). Avec la fin de la guerre, c’est la première fois qu’un nombre conséquent d’Asiatiques décide de rester durablement en France. Une nouvelle page de l’immigration démarre, avec des étudiants, des artistes qui viennent nourrir cette nouvelle diaspora. Les idées communistes circulent parmi elle, allant de pair avec une dénonciation de la colonisation de leur patrie par la France. Hô Chi Minh, Deng Xiaoping, des noms célèbres qui ont nourri leurs idées anticolonialistes sur le territoire français.

En pleine guerre froide, la guerre du Vietnam aura pour conséquence de déstabiliser toute une région et poussera sur le chemin de l’exil ceux que l’on surnomme les Boat People. À cette hauteur de l’exposition, on nous fait visionner les reportages qui circulaient en France à cette époque et comment ce pays européen, anciennement colon de ces terres, opta pour l’accueil à bras ouvert de ses réfugiés sur son sol. C’est ainsi que le 13ème arrondissement à Paris se transforme en quartier asiatique le plus grand d’Europe, avec tout un nouveau projet immobilier imaginé par l'architecte Le Corbusier. Ce projet initialement dédié à la bourgeoisie parisienne  est alors utilisé comme logement de ces nouveaux arrivants. La libéralisation des conditions migratoires en Chine dans les années 1980 viendra à son tour nourrir ce flux.

L’exposition se termine sur une note contemporaine : celle de la dénonciation d’un racisme envers les personnes d’origine est-asiatique en France. Cette discrimination et stigmatisation raciste est devenue particulièrement visible durant la pandémie du Covid-19. Bien que généralisée, celle-ci n’est que depuis peu exprimée dans l’espace public.

Que vous ayez vu cette exposition ou non, nous ne pouvons que vous encourager à lire le catalogue d’exposition, qui complète les panneaux explicatifs à l’information forcément plus réduite. La mise en page des documents visuels y est particulièrement bien soignée.  


Bibliographie

Immigrations Est et Sud-Est asiatiques depuis 1860 : exposition, Paris, Musée de l'histoire de l'immigration, du 10 octobre 2023 au 11 février 2024
29.90 €
Disponible