Une exposition qui vaut le détour se déroule en ce moment-même à Nantes et ce jusqu’au 5 mai 2024. Il s’agit de la première exposition qui réunit les collections des plus grands musées mongols et français : Chinggis Khaan National Museum, Kharakhorum Museum, National Museum of Mongolia, Musée du Louvre, Musée Guimet, Musée de Cluny et de Sèvres. Cette exposition élargit l’horizon du connu et se laisse découvrir en 1h30 à 3h de visite.
Que ce soit d'un point de vue chinois, russe, iranien ou encore européen, la représentation des peuples des steppes le long de l’échine eurasiatique est souvent celle d’envahisseurs qui n’arriveront pas à maintenir leur suprématie bien longtemps, de barbares cruels et sanguinaires aux capacités guerrières hors du commun. Ce n’est que depuis peu qu’une étude approfondie des sources mongoles a permis aux historiens et au grand public d’aborder l’histoire de l’empire mongol de manière plus riche et nuancée.

La première partie de l’exposition de Nantes nous plonge dans un monde façonné de collines vertes sur fond de montagnes enneigées, dont le rude climat - qui peut passer de -40°C à +40°C sur une année - rougit les joues des nomades qui y vivent. Le couple de photographes franco-mongol, Tuul et Bruno Morandi, rend compte d’un équilibre entre la vie humaine et son environnement : des rituels chamaniques permettent d’entretenir un lien avec le monde des esprits, les aigles sont domptés par des chasseurs et cavaliers aguerris, les familles vivent au rythme des saisons et traversent des kilomètres pour nourrir leur troupeau.

Une fois le décor posé par cette première partie introductive, la place est faite à l’histoire de cette région du globe, faite de désert, de tundra, de steppes et de montagnes. Sur deux étages sont exposés des objets de toutes sortes et des pièces de collection à la manufacture exceptionnelle.

Le premier empereur de cette contrée asiatique s’appelle Modun (env. 234-174 avant J.-C.) et unifie au IIIe siècle avant notre ère les tribus sous la confédération Xiongnu avant d'affronter l’empire chinois des Han. Viennent ensuite les Xianbei, les Türk et, enfin, les Mongols.

En 1206, un grand rassemblement des élites nomades de la Chine à l’Altaï appelé kuriltai offre à un homme hors du commun - qui n'est autre que Gengis Khan - la place de khan, son nom signifiant « souverain universel ». Pendant plus de vingt ans, ce guerrier avait fédéré les différents clans mongols et son investiture ouvre alors une ère de conquêtes sans précédent vers la Chine, l’Asie centrale et l’Iran. Aujourd’hui, les noms et images de Gengis Khan font partie intégrante du quotidien des citoyens mongols, comme nous l’expose le catalogue d’exposition Les Mongols et le monde : l'autre visage de l'empire de Gengis Khan, si bien que l’État a dû légiférer pour limiter l’utilisation outrancière de « l’icône nationale ».

Les descendants de Gengis Khan agrandirent l’empire en se répartissant les territoires, jusqu’à une stabilisation des frontières à la fin du XIIIe siècle. Durant près d'un siècle (1260-1360), les Mongols jouèrent un rôle primordial dans la connexion de la mer Méditerranée à l’Inde et à la Chine. Les Mongols transformèrent durablement les infrastructures pour développer les Routes de la soie et ainsi favoriser les échanges entre l'Occident et l'Orient : denrées, inventions scientifiques et artistiques mais aussi les courants religieux.

Le livre Les Mongols et le monde permet de se pencher plus en profondeur sur cette histoire passionnante, que l’on soit allé voir l’exposition ou non. Enfin, le livre de photographie de Tuul et Bruno Morandi La Mongolie de Gengis Khan : de la Sibérie à Samarkand nous plonge dans des contrées magnifiques, où un mode de vie pastoral et nomade, unique et précieux, perdure.