L'engagement dans la poésie
Nous profitons du printemps des poètes pour vous proposer de découvrir des auteurs dont l'oeuvre poétique s'est intéressée au thème de la lutte à un moment de leur vie. Il ne sera évidemment pas question de la lutte au sens physique du terme (quoique), mais bien de luttes morales et intellectuelles. N'hésitez pas à piocher dans nos propositions de lectures, selon vos envies, selon les combats qui vous animent au quotidien.
Les Poèmes de prison, écrits par Liao Yiwu, sont véritablement incontournables. Puissant, poignant, ce recueil prend aux tripes. Il agrippe les viscères, les retourne, puis les tire jusqu'au cœur. Dissident, Liao Yiwu rend hommage à la mémoire des chinois sacrifiés et déclame son amour brûlant pour la liberté.
Zheng Xiaoqiong lutte dans les poèmes composant Chronique d'un produit, contre l'état de simple produit dans lequel l'avait transformé l'usine où elle travaillait. En prenant la plume, elle reprend le contrôle de son humanité et de celles des femmes à ses côtés.
Dévoué à toutes formes de lutte, le poète taïwanais Hung Hung se fait le porte parole de "ceux qui ne peuvent s'exprimer, du passé qui s’efface, des cris, des revendications". Un poète dont les textes sont à découvrir dans Le Passe-muraille.
La poétesse Kim Hyesoon, s’intéresse plutôt à lutter contre les carcans imposés par les règles d'écriture traditionnelles. Dentifricetristessecrèmemiroir et Un verre de miroir rouge vous donneront une bonne idée de son opposition aux conventions qui répriment les imaginaires.
Comme indiqué précédemment, l'objectif de cette sélection n'était pas de parler de la lutte au sens physique du terme. Néanmoins, elle peut le devenir dans le cas de certains poèmes d'Eom Won-tae, luttant contre la maladie dans le recueil Dans une région obscure.
Et pour finir cette sélection, nous partons du côté du Japon avec Criminel pour quelques haïkus, un ouvrage de Genji Hosoya qui regroupe ses mémoires de prison écrits entre 1941 et 1945. Comme son titre le laisse entendre, Genji Hosoya fut arrêté par la police spéciale Tokko en 1941 pour avoir écrit quelques poèmes pacifistes. Cet ouvrage est essentiel car il décrit comment s’est construit le consentement à la guerre à cette période au Japon. Le haïjin narre son quotidien carcéral, la vie à Tokyo sous les bombardements. L’auteur alterne entre un ton cru et un humour tragi-comique et insère différents haïkus dans sa prose, ce qui apporte beaucoup de profondeur au texte. Le petit plus : cet ouvrage est bilingue !