TOP BD Manga des mois de mars et avril 2024
Avec un mois de mars relativement maigre en lectures de bandes dessinées, j'ai décidé de regrouper ce top manga/bd sur les mois de mars et avril. Au programme, du manhua taïwanais mais surtout du manga !
Débuts de série
Au début du mois de mars, les éditions Shiba nous ont gâté avec deux titres mêlant tranche de vie et reconstruction suite à des événements traumatisants. River End Café, de Tanaka Akio - plus connu en France pour être le dessinateur de Coq de combat - raconte l'histoire de Saki, une jeune lycéenne dont la vie a basculé après la catastrophe de Fukushima en 2011. Orpheline solitaire, en proie à des crises d'angoisse régulières et harcelée à l'école, le hasard la met sur le chemin du propriétaire d'un café bien mystérieux, dans lequel elle trouve refuge, un peu malgré elle. Sans être dénué d'humour, en particulier grâce au propriétaire du café et à son comportement parfois surprenant, le premier tome de River End Café promet un récit émouvant sans tomber dans une niaiserie aveuglée par les bons sentiments. J'ai hâte de découvrir les histoires des habitués du café et de voir Saki trouver sa place dans un lieu qui lui ressemble. Série terminée au Japon en 9 tomes. A partir de 14 ans.
Le deuxième titre, Comme une famille d'Asô Kai, dépeint l'histoire de Kinaho, une jeune autrice de roman, à la vie rythmée par son inspiration et par les deadlines fixées par son éditrice. Elle n'était certainement pas préparée à l'arrivée de Haruhi et Tôma dans son quotidien. Les deux frères viennent de perdre leurs parents suite à un tragique accident de voiture et leur oncle, Akito, les a pris à sa charge. Ce dernier n'est autre que le petit ami de Kinaho, à qui il demande de l'aide pour s'occuper de ses neveux. Ensemble, ils deviennent une famille, timidement, à tâtons. Tout ne se fait pas facilement, mais grâce aux efforts de chacun, ils trouvent leur marques. Là encore, il ne s'agit pas d'un récit facile, où l'amour triomphe sans effort. Les sentiments des uns se heurtent à ceux des autres, des tensions se forment, le deuil se fait bon gré mal gré. Cependant, Kinaho fait preuve d'une volonté à toute épreuve, couplée au désir de bien faire et à une bonne communication qui réussit à débloquer plusieurs situations compliquées. Une série toujours en cours au Japon. A partir de 14 ans.
Jimbôchô Sisters de Tôme Kei m'intriguait tout particulièrement du fait qu'il se déroule à Jimbôchô, le quartier des librairies anciennes et des bouquinistes de Tokyo (un quartier qui vous sera familier si vous avez lu le roman de Yagisawa Satoshi, La librairie Morisaki). Les sœurs Karakidake viennent d'y reprendre la librairie de feu leur aïeul. Sans qu'aucune des sœurs ne soit formée au métier de libraire bouquiniste, elles se débrouillent et trouvent de l'aide auprès d'autres libraires du quartier. Un premier tome qui nous plonge rapidement dans la vie de ces trois sœurs, leurs inquiétudes, leurs chagrins d'amour, leurs ambitions et leurs intimités. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et leurs parcours semblent voués à se lier à ceux des Karakidake. Tôme Kei a un dessin peu commun mais qui ne manque certainement pas de caractère ! A lire à partir de 12 ans.
La catégorie tranche de vie a également vu arriver La fanfare au clair de lune de Yamada Hamachi, une série terminée en 6 tomes au Japon. Pour un public un peu plus jeune, à partir de 12 ans, cette série relativement courte est un excellent condensé de motivations pour tous les jeunes en quête d'une passion. Emprisonnée par sa mère dans un quotidien stricte, triste et solitaire, Mizuki est une lycéenne timide, brimée. Le sens de l'existence lui échappe. En dernier recours, elle fugue chez sa tante, qui mène une vie libre, à l'opposée de la sienne. Là-bas, elle rencontre Akira, un jeune lycéen appartenant à la fanfare du lycée du coin, dans laquelle il joue de la trompette. Inspirée par ces jeunes passionnés, énergiques et animés par l'amour de la musique et du collectif, elle prend une décision qui change drastiquement sa vie. Bien que certains développements m'aient semblé un peu faciles, j'ai été charmée par la résolution dont Mizuki fait preuve en prenant en main son bonheur et en se découvrant une certaine force de caractère. Les dessins s'accordent parfaitement à la jeune lycéenne et aux tourbillons d'émotions qui la traversent dans ce premier tome.
Dans un tout autre genre, les éditions Naban ont sorti simultanément les deux premiers tomes d'Anna et le prince d'Albion, récit d'aventure, d'émancipation et de vengeance. Un peu de romance semble (sans doute) se profiler dans les prochains tomes. Anna, l'héroïne en titre (littéralement!) est la deuxième fille de la noble famille des Harmich. Passionnée par la maîtrise de l'épée et par l'art de la guerre, elle rêve de se battre aux côtés de son père, redoutable guerrier. Cela au grand dam de sa mère, qui n'en peut plus des mauvaises manières de sa fille cadette. Malheureusement, le père d'Anna tombe lors d'un conflit avec le royaume d'Albion, ennemi numéro 1 des Harmich. Anna accepte de servir d'otage au péril de sa vie... elle est surtout bien décidée à venger son père en tuant l'héritier Albion auquel elle est promise. Lus d'une traite, les deux premiers tomes sont tout à fait enthousiasmants ! Anna est revêche, décidée et loyale. Sa maladresse n'a d'égale que sa soif de liberté et ses capacités à retourner une situation d'apparence perdue, en sa faveur. Sans oublier la lutte des classes dont il va être question dans les tomes suivants, qui laisse présager une profondeur bienvenue aux intrigues à venir. Anna et le prince d'Albion est en cours de parution au Japon, à lire dès 12 ans.
Connaissez-vous Alma, une série palpitante dans un lointain futur ou l'humanité n'a plus sa place ? Énorme coup de cœur personnel, j'étais ravie de me lancer dans une nouvelle série de son auteur, Mito Shinji : To a New You, manga terminé en 6 tomes au Japon. J'ai dévoré presque à la suite les quatre tomes parus en France. Nous y suivons Satoru, professeur dans un lycée pour filles vivant sa vie mollement, bercé par la routine. Un soir, il croit voir sa femme au bras d'un homme, près d'un love hôtel. Choqué, il prend la fuite et part quelques jours dans un voyage en train. Dans sa ville natale, il rencontre Aki Aioi, une jeune lycéenne déroutante qui semble le connaître et vouloir le séduire. Dans un premier temps, Satoru est aussi perdu que nous autres lecteurs. Je ne m'attendais pas à lire une histoire d'amour illégale et malsaine. Surtout quand Aki Aioi intègre sa classe au retour de l'escapade impromptue de Saturo. Heureusement, l'histoire prend un tournant surprenant et s'engage sur les rails d'un thriller de SF, sur fond d'épidémie mondiale. Le rythme bien qu'inégal et parfois déstabilisant, m'a bien tenu en haleine, d'autant qu'il accélère au fur et à mesure. Mito Shinji nous balade en se contentant de nous donner quelques indices mêlés à des scènes d'action et de poursuites effrénées. Enfin, quel plaisir de retrouver le dessin fouillé, efficace et beau du mangaka, que ce soit ses personnages ou ses décors. A lire à partir de 14 ans.
Je terminerai les débuts de série avec le manhua de l'auteur taïwanais Chang Sheng, terminé en 3 tomes : Yan. Un véritable coup de poing, coup de pied, coup de cœur, tout en même temps ! Yan est d'une grande qualité aussi bien visuelle que scénaristique. Yan est une jeune lycéenne élevée dans une famille issue de la prestigieuse troupe de l’Opéra de Pékin. Très jeune, Yan maîtrise donc déjà très bien le chant, le maquillage et les arts martiaux. Un jour, sa famille est brutalement exterminée et c'est Yan qui est accusée du meurtre. Après un procès expéditif, dont nous n'avons que des bribes, elle est incarcérée durant de longues années dans un centre de recherches secret, qui finit complètement détruit dans une explosion soudaine et inexpliquée. Des années plus tard, Yan refait surface en assassinant le fils d'un député en direct sur les réseaux sociaux. Une histoire qui démarre sur les chapeaux de roues ! Pas le temps de rester surpris trop longtemps, puisque tout s'enchaîne très rapidement avec Yan. Le récit, qu'on imaginait simple vengeance, se transforme en un récit de super-héroïne et de fin du monde à éviter ! Le clou du spectacle réside dans le dessin contrasté de Chang Sheng. Les détails ressortent encore davantage grâce à son trait appuyé, aux expressions intenses de ses personnages, aux décors urbains soignés et aux scènes de combat hyper cinématographiques ! Un régal de A à Z. A partir de 14 ans.
Suites de série
En parlant de dessin tout en contrastes, j'ai lu le tome 2 de L'abomination de Dunwich que j'attendais avec impatience. Gou Tanabe continue de me fasciner avec ses adaptations de l'œuvre de Lovecraft. Plus qu'un tome avant la conclusion terrible qui se précise pour le village de Dunwich. Wilbur, l'étrange enfant de la maison des Whateley est seul après la mort de son grand-père et la disparition de sa mère. Dans cette suite, le garçon continue de grandir aussi vite que son humanité semble diminuer. Gou Tanabe pousse un peu plus loin l'épouvante et prépare un final majestueusement horrifique. Plus qu'un seul tome, à paraître en septembre prochain. A partir de 15 ans.
Pour terminer, le manga dont j'attends religieusement chaque tome, j'ai nommé Hirayasumi. Ce tome 5 se concentre davantage sur Hideki, le meilleur ami de Hiroto. C'est de son surmenage et de son mal-être dont il est beaucoup question, qui jettent les premières touches de noirceur "sérieuses" sur le récit de Keigo Shinzo. Hiroto sent bien que son ami est submergé par ses responsabilités familiales mais surtout à cause de son chef tyrannique et de son travail qui ne lui correspond pas. Il en perd son identité. Ce nouveau tome aborde des thématiques poignantes pour les lecteurs approchant l'âge des protagonistes et malgré la bienveillance constante et centrale dans Hirayasumi, on touche ici à quelque chose de plus profond. A partir de 14 ans.
C'est ici que se termine ce TOP des mois de mars et avril. N'hésitez pas à m'écrire par mail ou sur les réseaux sociaux pour discuter de mangas et de bandes dessinées ! C'est toujours très agréable d'échanger avec vous.
En attendant, je vous souhaite de belles lectures. Portez-vous bien !
~ Clémence