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Tout d'abord, nous allons parler d'un roman qui m'a donné la chair de poule, j'ai sursauté plusieurs fois durant ma lecture et n'ai pas manqué de me retourner dans mon lit pour vérifier si personne n'était derrière moi. Je ne peux même plus regarder sa couverture sans ressentir un certain malaise, je vous laisse imaginer ! Il s'agit de La maison noire de Yûsuke Kishi.

Shinji Wakatsuki travaille dans un cabinet d'assurances, son quotidien consiste à étudier des piles de dossiers de demandes de dédommagements, il est à l'affût de la moindre arnaque. Mais voilà qu'un jour, un client du nom de Komoda le réclame, apparemment insatisfait de la venue d'un de ses collègues. Il souhaiterait aborder certains points de son contrat avec lui spécifiquement. Wakatsuki trouve cela étrange car il est rarement sollicité par des clients et ne comprend pas comment cet homme a eu vent de son existence. Il se rend donc à l'adresse de ce monsieur. Là-bas, il découvre une maison glauque, austère, qui dégage une odeur nauséabonde. Il est accueilli par Komoda affichant un air aussi sinistre que sa maison. Une fois entré, ce dernier appelle son fils pour qu'il vienne se présenter mais son appel reste sans réponse. Il demande alors à Wakatsuki d'ouvrir la porte de la chambre de son fils.
Macabre découverte : le corps du fils pend au bout d'une corde. Wakatsuki est traumatisé par cette scène mais il l’est encore plus en constatant l'absence de réaction du père, qui le scrute pour observer sa réaction. Il rentre chez lui et tente d'oublier cette histoire mais voilà que Komoda commence à le harceler pour savoir quand sa femme et lui toucheront l'assurance vie de leur fils. Il appelle jour après jour, se déplace à l'agence et insiste lourdement, laissant derrière lui une ambiance oppressante, une équipe choquée, et quasiment certaine que ce suicide cache autre chose...

À partir de ce moment, la tension ne fait que monter dans le récit. Cette histoire confronte Wakatsuki à certains événements traumatisants de son enfance. Il fait face au mal à l'état pur, celui de l'âme humaine. L'auteur parvient avec brio à nous projeter dans la psyché humaine et offre des réflexions très intéressantes et inquiétantes sur l'évolution de nos sociétés. Il a lui-même travaillé de nombreuses années dans une compagnie d'assurances et expose donc avec beaucoup de précision ô combien le système des assurances gangrène la société japonaise.

"Le plus grand danger pour la société, ce ne sont pas ceux qui souffrent de troubles mentaux évidents, mais bien eux, ceux qui voient le monde à l'aune de leur propre noirceur."


Je me suis ensuite lancée dans la lecture du roman de Julie Otsuka, Quand l'empereur était un dieu, réédité en 2024 au format poche. J'avais été plutôt déçue de son fameux roman Certaines n'avaient jamais vu la mer, j'ai préféré celui-ci. C'est un roman qui narre l'histoire d'une famille américaine d'origine japonaise, envoyée dans un camp d'internement durant la seconde guerre mondiale, peu après les événements de Pearl Harbor. L'autrice met en lumière une période sombre de l'histoire américaine, qui reste encore tabou.
Durant une centaine de pages, nous allons suivre une mère et ses enfants, un garçon et une fille, qui doivent quitter leur maison pour se rendre dans un de ces centres d'internements. Son mari a déjà été embarqué par le FBI quelques semaines auparavant et emmené dans un camp. Ils ont de ses nouvelles grâce à des lettres, où il raconte peu de choses et reste optimiste. On les suit dans leur quotidien, on voit les pensées de la mère et des enfants, comment ils perçoivent différemment leur environnement, le racisme ambiant et l'absence du père. On sent la douleur des enfants de voir leur reflet dans le miroir et d'y trouver ce que détestent les américains alors qu'eux-mêmes sont américains ; de devoir gommer toutes les coutumes qui sont liées au Japon de leur quotidien du jour au lendemain ; de répondre “je suis Chinois” à la question “Chinois ou Jap ?” pour ne pas s'attirer des problèmes.
C'est un roman percutant tant par le style assez impersonnel que par le sujet si important.

"Nous allions modifier nos noms pour les faire ressembler aux leurs. Et si notre mère s'avisait de nous appeler par nos vrais noms dans la rue, nous nous détournerions et ferions comme si nous ne la connaissions pas. Plus jamais on ne nous prendrait pour l'ennemi !"


Du côté des essais, j'ai lu le discours prononcé par Arundhati Roy à l'occasion de la remise du prix européen de l'Essai de l'année en septembre 2023. Dans ce discours, elle dresse un portrait glaçant de l'Inde contemporaine et expliques en quoi le pays n'est plus un état démocratique. C'est un discours honnête, sans langue de bois, aussi effrayant que démoralisant, mais néanmoins nécessaire pour comprendre les enjeux des élections présidentielles en mai. Arundhati Roy est reconnue pour ces romans incroyables tels que Le dieu des petits rien, mais elle est avant tout une essayiste remarquable qui lutte avec la plume contre l'injustice sociale, les désastres écologiques et la censure des médias. Si vous souhaitez vous plonger dans ces essais, nous vous conseillons de lire Azadi, L'écrivain-militant ou bien Mon cœur séditieux.

"Il serait présomptueux, arrogant et même un peu stupide de la part d'une autrice de croire qu'elle peut changer le monde avec ses écrits mail il serait pitoyable qu'elle n'essaie pas."


Côté Jeunesse, j'ai découvert l'album Le nid d'hirondelles racontant l'histoire d'une petite fille qui passe ses vacances à la campagne chez sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Elle s'ennuie quelque peu mais elle est fascinée par les hirondelles, fraîchement arrivées, qui ont élu domicile dans un nid sous le toit. Elle observe cette mère oiseau qui nourrit ses petits et leur apprend à voler. Le nid d'hirondelles est un album tout doux qui nous rappelle ses vacances chez les grands-parents qui pouvaient parfois sembler longues mais que certains moments, uniques, rendaient inoubliables. C'est aussi un livre qui nous fait découvrir l'intérieur d'une maison hanok. C'est un très bel hommage à la campagne et à la force de la nature.


Je vous souhaite à toutes et à tous de très belles lectures et un très bel été !


Bibliographie

La maison noire
22,00 €
Disponible
Quand l'empereur était un dieu
8,30 €
Disponible
Aucun d'entre vous ne doit prétendre qu'il ne savait pas : discours du Prix européen de l'essai 2023 de la Fondation Charles Veillon
10,00 €
Disponible
Le nid d'hirondelles
13,00 €
Disponible