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Rencontre avec les acteurs de la littérature coréenne en France #3 : Lim Yeong-hee, une vocation d'ambassadrice de la littérature coréenne



Découvrir Lim Yeong-hee.png

La littérature coréenne a vu sa popularité augmenter ces dernières années. Ses lecteurs sont de plus en plus nombreux, mais connaissons-nous assez celles et ceux grâce à qui, romans, poésie et essais peuvent nous parvenir entres les mains, en français ?
Ce sont ces actrices et acteurs de la littérature que je vous invite à découvrir dans cette petite série d'interviews/portraits visant à mettre en avant le lien fort qu'ils entretiennent avec la littérature et en particulier la littérature coréenne.


Née en Corée du Sud, Lim Yeong-hee vit en France depuis 1988. Aujourd’hui, elle est autrice et traductrice. Elle a écrit plusieurs albums pour les enfants et a traduit de nombreux romans pour adultes dont L’empire des lumières de Kim Young-ha et Les romans meurtriers de Kim Tak-hwan. Elle débute dans la traduction pour la jeunesse avec L’École des chats (série de onze volumes parus chez Picquier Jeunesse), couronnée par le Prix des Incorruptibles de l’année 2005-2006. Elle dirige la collection de Corée chez Philippe Picquier.

© photo : Lim Yeong-hee



1.    Que représente la littérature pour vous ? Quel rapport entretenez-vous avec la littérature ?
La littérature constitue un élément hautement important de ma vie d’aujourd’hui, car le plus clair de mon temps tourne autour d’elle : traduire, relire, lire, écrire ou chercher les petites pépites, les présenter… Je vais même jusqu’à dire que ma vie n’est plus envisageable sans la littérature, sinon trop fade. C’est la littérature qui rend ma vie pétillante et joyeuse en m’accompagnant du matin au soir.

2.    Vous rappelez-vous votre premier souvenir lié à la littérature (expérience littéraire) ?
Comme je suis née et ai grandi à la campagne, j’avais peu accès aux livres pendant mon enfance. En revanche, j’ai eu la chance de vivre avec ma grand-mère qui aimait raconter beaucoup d’histoires (des contes et des légendes populaires, des récits d’aventure…). Je crois que ma passion pour la littérature vient de là. Toutes ces histoires racontées par ma grand-mère m’ont permis, alors que j’étais enfant, de voyager dans un monde imaginaire en oubliant ne serait-ce qu’un peu la dure vie du monde réel.
Plus tard, j’ai découvert Résurrection de Tolstoï qui m’a beaucoup émue et surtout je me souviens de ne pas avoir dormi la nuit après avoir lu Les Misérables de Victor Hugo, en une BD qui m’a tellement bouleversée.

3.    Avez-vous toujours eu un attrait pour la littérature et le monde du livre ?
Bien sûr, comme j’ai répondu à la première question, les livres et la lecture font partie de ma vie. Mes yeux pétillent dès qu’il s’agit des livres. Le seul problème, c’est que je n’ai pas assez de temps pour lire tous les livres que je voudrais.

4.    La littérature coréenne dans tout ça ?
En tant que traductrice et éditrice, je suis obligée de consacrer beaucoup de temps à la littérature coréenne, ce qui me laisse très peu de temps pour découvrir les œuvres d’autres pays. Mais comme je dois être au courant du marché du livre en France, j’essaie de lire au moins le résumé ou la présentation de celles-ci à travers les magazines littéraires comme Livres Hebdo ou Page des libraires. Il m’arrive parfois d’écouter les livres audio des grands auteurs du monde traduits en coréen. Mais quand j’ai dit que la littérature m’accompagne du matin au soir, il s’agit surtout de la littérature coréenne.

5.    Qu’est-ce qui vous attire dans la littérature coréenne ?
Sans mon métier, est-ce que j’aurais lu et continué de lire autant de livres coréens au détriment d’autres littératures ? Je n’en suis pas si sûre. Il faut donc dire que c’est en grande partie grâce à mon métier que j’ai été attirée, puis devenue si passionnée par la littérature coréenne. Plus je la lis, plus je découvre des écrivain(e)s talentueux à l’imagination originale et débordante. J’aime tout, aussi bien la littérature blanche que la littérature du genre comme le polar, le fantastique et la science-fiction... Et je suis heureuse de pouvoir trouver tout ça dans la littérature coréenne.

6.    Comment se distingue-t-elle d’autres littératures selon vous ?
Chaque pays a ses propres tendances littéraires. Quant à la Corée, les auteurs écrivent plus souvent des nouvelles que des romans. La plupart des prix littéraires couronnent aussi des nouvelles, ce qui fait qu’on voit paraitre souvent des recueils de nouvelles ou des anthologies sur le marché coréen des livres, contrairement à la tendance en France. Les lecteurs coréens apprécient beaucoup les poèmes, et il n’est pas rare qu’un recueil de poèmes fasse partie des meilleures ventes.
Pendant longtemps, la littérature du genre a été sous-évaluée par rapport à la littérature blanche. Mais aujourd’hui, les choses ont changé ; on a créé bon nombre de nouveaux prix littéraires pour honorer les romans du genre comme polar, fantastique, SF…, et de plus en plus d’auteurs, surtout de la jeune génération, s’y consacrent ; leurs œuvres sont souvent très appréciées aussi bien par les critiques littéraires que par le public. Ce sont d’ailleurs ces romans du genre qui s’exportent facilement, ce qui encourage probablement les éditeurs et les auteurs coréens d’en produire davantage.
En Corée, le système de publier sous forme de feuilleton soit sur une plateforme en ligne soit via les revues littéraires est très développé. Aussi, arrive-t-il fréquemment que les auteurs les utilisent avant de publier leurs romans en livre.


7.    Comment se passe l’acquisition des droits des romans que vous décidez de publier dans la collection coréenne des éditions Picquier ?
Depuis 2007, l’année où j’ai commencé à diriger la collection de Corée des éditions Picquier, je cherche constamment des livres susceptibles d’être présentés en France. Pour cela, je consulte une fois par semaine la liste des meilleures ventes et des nouveautés sur les sites internet coréens. Si je découvre un livre intéressant à première vue, je demande aux agents littéraires avec lesquels je travaille de m’en envoyer le PDF. Je le lis et si le livre correspond à mes critères (thème universel, construction solide d’un récit qui captive le lecteur et qualité littéraire, entre autres), je prépare le résumé, les points forts et les points faibles du livre, puis je le présente à l’éditeur. Ce dernier le jugera à son tour, selon ses propres critères. Le travail le plus important en tant que directrice de la collection consiste à dénicher les vraies pépites et à les présenter à la maison d’édition. Mais j’avoue que ce n’est pas une tâche évidente !
Une fois que l’éditeur accepte de publier le livre que je lui ai présenté, je mets en relation les éditions Picquier avec l’agent ou l’éditeur coréens afin de procéder à l’acquisition des droits. Je fais l’intermédiaire, si besoin, entre l’éditeur et l’auteur (par exemple, pour fournir des informations sur l’auteur et ses photos ou pour la validation de la couverture, etc.) et également entre les médias français et l’auteur pour traduire les questions et les réponses. Par ailleurs, lorsque des salons du livre ou des associations culturelles invitent un auteur publié sous ma collection, je suis chargée de l’accompagner sur les lieux de l’événement et lui sers d’interprète. Dans ces cas-là, c’est moi également qui contacte le Centre Culturel Coréen ou les librairies susceptibles de le recevoir et qui fais la traduction en live coréen-français lors des rencontres avec les lecteurs. Voilà en quoi consiste principalement mon travail de directrice de collection aux Editions Picquier.

8.    Comment votre rapport à la littérature a-t-il évolué en tant que directrice de collection ?
Diriger la collection de Corée n’a fait que renforcer ma vocation d’ambassadrice de la littérature coréenne. Mon souhait étant d’introduire le plus d’ouvrages coréens possibles sur le marché français, je suis bien obligée de consacrer un temps considérable à lire les livres coréens, ce qui veut dire que mon monde littéraire tourne quasiment qu'autour de la littérature coréenne. À mon grand regret, je n’ai pas le temps de savourer tranquillement un roman, français par exemple, qui me plait, si ce n’est que survoler les courtes présentations des nouvelles parutions en France, comme je l’ai déjà dit plus haut.

9.    Un(e) auteur(ice) à lire absolument pour mieux comprendre la Corée à travers sa littérature ?

Si c’est pour comprendre la société contemporaine, je conseillerais Chang Kang-myoung (Parce que je déteste la Corée ou Génération B…)
Sinon Hwang Sok-yong pour comprendre l’âme profonde de la Corée.

10.    Un(e) auteur(ice) fétiche ?
Jeong You-jeong

11.    Un titre (ou plusieurs) à conseiller pour un novice en littérature coréenne ?
Généalogie du mal, Un bonheur parfait de Jeong You-jeong / Bienvenue de Kim Yi-seol/ Nos jours heureux ; Les enfants du silence de Gong Ji-young ou Le jardin de Pyun Hye-young.

12.    Le livre que vous relisez régulièrement ?
Il y a des livres que j’aimerais relire régulièrement, hélas je n’ai pas le temps.
Il m’arrive de lire deux fois le même livre, mais c’est pour mieux le présenter.

13.     Quels sont les défis pour la littérature coréenne aujourd’hui ?

Grâce à l’Institut coréen de la traduction littéraire et à la Fondation Daesan ainsi qu’à un nombre important d’agents littéraires, les livres coréens s’exportent aujourd’hui de plus en plus, dont certains reçoivent des prix internationaux, ce qui veut dire que la littérature coréenne évolue, à mes yeux, dans un sens très positif. S’il y a un vrai défi à relever, c’est peut-être créer et produire davantage d’œuvres de qualité, dans tous les genres. Pour y parvenir il faudra établir une bonne infrastructure (aides financières, prix littéraires, séjours d’écriture…) permettant d’aider le plus d’auteurs possible. Qui sait, il pourrait en sortir un jour un ou une qui deviendrait lauréat(e) du prix Nobel, rêve du peuple coréen.



Un grand merci à Lim Yeong-hee d'avoir accepté de répondre à mes questions !


Pour retrouver les articles de la série "Rencontre avec les acteurs de la littérature coréenne en France" :



Bibliographie

Il neige !
14.00 €
Disponible
Le monde selon Sisun
22.90 €
Disponible
La loi des lignes
9.00 €
Disponible
La capacité de survie
20.00 €
Disponible
Le terroriste et autres nouvelles
22.50 €
Disponible
Un matin de ce printemps-là : l'histoire des huit victimes impliquées dans l'incident du Parti révolutionnaire populaire (PRP)
29.90 €
Disponible sous 4 à 7j
L'empire des lumières
9.20 €
Disponible
Le jardin
7.90 €
Disponible sous 4 à 7j
Ma très chère grande sœur
7.50 €
Disponible
Bienvenue
8.00 €
Disponible
Comment ma femme s'est mariée
19.00 €
Disponible sous 4 à 7j
Le camp de l'humiliation
11.00 €
Disponible sous 4 à 7j
Les petites épiceries de mon enfance
26.50 €
Indisponible
La langue et le couteau
9.00 €
Disponible
Les romans meurtriers
10.70 €
Disponible
Bonobo
10.50 €
Disponible
Changement de saison
22.00 €
Disponible
Généalogie du mal
11.00 €
Disponible