Rencontre autour de la poésie de GU Cheng et de sa traduction en français
À l’occasion de la sortie du Dossier Bulin chez les Éditions La Barque, nous vous proposons une présentation de l’ensemble des œuvres critiqué par LI Jinjia.
Les œuvres évoquées sont presque toutes, hormis Le Dossier Bulin, œuvres de l’exil, écrites ou dessinées en Nouvelle-Zélande ou en Allemagne. Hormis Sur l’île, dense recueil de choix de proses, récits littéraires, émission radiophonique et conférence, elles sont toutes des œuvres poétiques.
Intervenants :
Poète en langues chinoise et française, LI Jinjia traduit également de la poésie en ces trois langues : chinois, français et japonais. Maître de conférences à l’INALCO, il y enseigne la poésie contemporaine chinoise et mène des recherches en traductologie.
Yann Varc’h Thorel et LIU Yun traduisent à quatre mains des œuvres littéraires du chinois vers le français, notamment celles de GU Cheng. Yann Varc’h est également traducteur et éditeur en breton. Il a introduit les romans du Prix Nobel de GAO Xingjian dans cette langue. LIU Yun se concentre en ce moment dans la traduction des ouvrages de l’Histoire générale de Chine des Belles Lettres.
L’auteur
Gu Cheng (1956-1993) est l’un des poètes les plus prolifiques et les plus subversifs de son temps. Taxé de « flou » au même titre que ses aînés de la revue Aujourd’hui (Bei Dao, Shu Ting, Meng Ke, Yang Lian), il développe cependant sa propre ligne poétique : lyrique d’abord, puis onirique, surréaliste, il n’a de cesse de déconstruire une poésie millénaire pour mieux créer sa propre langue.
Enfant de Pékin, GU Cheng y a connu la folie de la Révolution culturelle en 1966-1968. Il connaît alors une première fois l’exil intérieur. Puis c’est l’éveil du peuple « contre-révolutionnaire » en 1976, au cœur de cette ville, sur la Place Tian’an men. Gu Cheng est de retour. Molesté par la police, il se relève en faisant un vœu : Je serai poète ! Lorsque Tian’anmen est à nouveau investie par les manifestations puis ensanglantée par la répression du 4 juin 1989, Gu Cheng est, déjà, à nouveau exilé sur son île lointaine.
Dans un tel contexte, devenir poète fait-il de l’homme un spectre ? Ce poète qui a déplacé les foules comme les Beatles et Bob Dylan, écrit ses derniers poèmes les plus puissants, nourris d’un grand mal du pays, d’un grand mal de sa ville natale et de ses démons.