Nous sommes heureuses d'accueillir Yolaine Escande pour une présentation de son ouvrage Trois traités sur le portrait paraissant en avril 2025 aux éditions des Belles Lettres.

A propos de l'autrice

Yolaine Escande est directrice de recherche au CNRS, sinologue, et reconnue comme calligraphe et peintre en Chine où elle expose ses œuvres. Elle a traduit de nombreux traités chinois de peinture et de calligraphie (Notes sur ce que j'ai vu et entendu en peinture de Guo Ruoxu, 1994, Traités chinois de peinture et de calligraphie, tome 1, Klincksieck, 2003 et tome 2, 2010, Esquif sur l'océan de la peinture de Shen Zongqian, Belles Lettres, 2019).

A propos de l'ouvrage

Les trois seuls traités consacrés à la technique picturale du portrait de l’histoire de l’art chinoise, dont le deuxième est inédit en langues occidentales, sont ici intégralement traduits : Secrets pour tracer les portraits (Xiexiang mijue 寫像秘訣,vers 1360) de Wang Yi 王繹 (vers 1333-vers 1368), des Yuan et des Qing ; Secrets pour transmettre l’esprit (Chuanshen miyao 傳神秘要) de Jiang Ji 蔣驥 (1714-1787) ; Secrets pour tracer la vérité (Xiezhen mijue 寫真秘訣) de Ding Gao 丁皋( ?-1761), complété par son fils Ding Yicheng 丁以誠 (actif fin XVIIIᵉ-début XIXᵉ siècle). 

Le premier, court et concis, rédigé par un peintre professionnel appartenant à un cercle de lettrés, insiste sur l’observation de la personne à portraiturer quand elle est en conversation ou animée et conteste la méthode du portrait posé ; il porte essentiellement sur la technique de coloration, après avoir indiqué à grands traits comment tracer un portrait. Le deuxième, rédigé par un lettré auteur de plusieurs ouvrages sur la calligraphie, présente l’originalité d’associer la forme des visages humains à celle de caractères courants ; il transmet les connaissances traditionnelles sur le portrait en complétant le contenu du texte de Wang Yi. Enfin le troisième, beaucoup plus long et abouti que les deux précédents, est un véritable manuel du peintre, extrêmement détaillé. 

L’ouvrage, illustré de 49 gravures sur bois, porte sur la peinture de portraits de vivants, tout autant que d’ancêtres ou de défunts, la forme picturale la plus
pratiquée. Il explique comment peindre chaque élément du visage, des yeux aux menton, en passant par le nez, les pommettes, les cheveux, etc. en les  associant aux « montagnes et fleuves » ou aux planètes, créant à travers le portrait toute une cosmogonie, par référence à la physiognomonie mais aussi par contraste avec cette pratique.