Travailler pour (sur)vivre
- Vous avez des économies ?
- Presque rien
- Des perspectives d'héritage ?
- Même pas
- Un fils dévoué plein aux as ?
- Eh non
- Vous devez donc travailler pour survivre et pour cela vous n'avez que votre corps ! or il vient de vous lâcher.
extrait du tome 1 d'Intraitable, de Choi Kyu-sok
Le travail peut tuer.
Dans un monde idéal, le travail ne serait sans doute qu'une activité enrichissante et épanouissante. Dans nos sociétés capitalistes cependant, il devient nécessaire de travailler pour recevoir un salaire. Nécessaire de travailler pour vivre. Parfois pour survivre. C'est ce dont il est question dans cette sélection composée d'essais, de littérature, de bandes dessinées et de poésie qui interrogent le rapport nocif au travail, conduisant parfois jusqu'à la mort.
La BD Le parfum des hommes et le film About Kim Sohee parlent de ceux qui se battent pour faire reconnaître la mort d'un enfant à cause de mauvaises conditions de travail et faire prendre leurs responsabilités aux entreprises, et plus largement aux institutions. L'excellent manhwa Intraitable, en s'inspirant d'une histoire vraie, met en avant les difficultés pour les travailleurs de faire reconnaître leurs droits par les entreprises. Ils se tournent alors vers le syndicalisme, encore peu développé en Corée du sud.
L'autrice Pyun Hye-young expose régulièrement dans ses textes l'aliénation au travail pouvant conduire à la perte de sens profond et allant jusqu'à la folie. Cela en ayant largement recours à l'absurde (voir les nouvelles La forêt de l'Ouest ou encore La sagesse du lapin). Ce que l'on retrouve également dans le roman L'Usine, de Hiroko Oyamada. Le travail mécanique, répétitif et violent de l'usine est mis en mots avec beaucoup d'émotions par la poétesse ouvrière Zheng Xiaoqiong dans son recueil de poèmes Chronique d'un produit.
A retenir de ces témoignages : la solidarité et l'amitié entre "camarades de ligne", qui luttent ensemble, offrent une forme d'espoir à ne pas négliger.