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Les femmes en Asie - Au Japon



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Quelle est la place des femmes en Asie ? Nous vous proposons de le découvrir avec des articles dédiés aux femmes dans la littérature. Commençons par le Japon ! Avec cette sélection d'ouvrages, vous découvrirez les femmes au Japon : comment sont-elles perçues dans la société et au travail ? Quel regard est porté sur la femme dans le couple ? Ou dans la maternité ? Le féminisme y a-t-il une place ? Ce sont des questions que nous effleurons par le biais de manga, de littérature, ou d'essais.

Une place dans la société en tant que femme

La place des femmes dans la société japonaise a évolué au fil des années, mêlant un rôle traditionnel, c’est-à-dire domestique, à des aspirations modernes sous l’influence notamment des idées occidentales. Difficile aujourd’hui d’imaginer qu’il y a des siècles, la société japonaise était matriarcale ! C’est à partir du Ve siècle environ, avec l'introduction du bouddhisme et de la pensée confucéenne, que les femmes ont été progressivement confinées à un rôle domestique. Le pays avançant lentement dans la question de la condition féminine, les inégalités de genre persistent (en termes d'égalité hommes-femmes, le Japon est 120ème sur 156 pays selon un classement par le Forum économique mondial), notamment dans la parentalité ou le domaine professionnel.

Femmes à l'aube du Japon moderne est une bonne introduction à l’évolution qu’a connue la place des femmes au sein de la société japonaise. Jusqu'à l'ère Meiji, soit à la fin du XIXe siècle, celles-ci n'étaient en effet que des instruments de procréation. Il leur fallut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour obtenir enfin des droits. Puis, dans Femmes du japon découvrez le quotidien des femmes du Japon à la fin du XIXe siècle. Passez derrière les paravents : dans cette société qui semble les cantonner au foyer familial, vous croiserez en fait les destins de femmes ordinaires ou hors du commun - geisha ou femme du peuple, épouse trahie ou amante passionnée - femmes éprises de liberté.

Pour approfondir et vous intéresser aux femmes qui ont marqué le Japon, n’hésitez pas à lire le Japon des femmes : du IIe siècle à nos jours qui raconte l’histoire des femmes qui ont marqué l’histoire du pays. Allant de la reine-prêtresse Jingu, à l’artiste Yayoi Kusama, en passant par Tomoe Gozen, la première femme samurai, c’est un plaisir de découvrir l’Histoire au féminin.

L’œuvre de la sociologue et féministe japonaise Chizuko Ueno, Une idéologie pour survivre, interroge le rapport des femmes aux tragédies historiques, à la violence, à la guerre et terrorisme, refusant toute forme de violence, étatique comme domestique, en même temps que de domination.

Pour découvrir les femmes du Japon dans le monde actuel, le Tempura n°7, automne 2021 : Japonaises est une bonne introduction. Le magazine nous fait partir à la rencontre de la photographe Tokyo Rumando qui se confie sur son rapport au corps et à l’intime mais aussi Chizuko Ueno, sociologue et figure majeure du féminisme d’après-guerre. C’est également l’occasion d’entrer dans le quotidien de mères célibataires, luttant pour être reconnues, ou des joueuses de foot féminin sans terrain… Un magazine très actuel !

Femme, en tant que mère

La femme au Japon a bien du mal à se distinguer de son rôle de mère. Mais dans un pays où la répartition des rôles est aussi inégale, la maternité est de plus en plus questionnée. Il reste encore difficilement imaginable pour une Japonaise de concilier maternité et vie professionnelle, par exemple. Ce fait amène de plus en plus de femmes à repousser la maternité ou encore, à ne plus l’envisager.

C’est dans un contexte tout particulier, et surtout dans un pays qui sacralise autant le rôle de mère, que s’inscrit L'affaire Midori. C’est le choc : Midori a tué ses enfants. Karyn Nishimura, l’autrice, est journaliste, française, vivant au Japon depuis de nombreuses années. Elle s’inspire d'un fait divers pour élaborer cette histoire : celle d’une mère qui, traumatisée par la catastrophe de Fukushima, en vient à commettre l’irréparable. Dans ce roman, nous pouvons voir comment la société traite cette affaire, mais aussi la question de la maternité, de l’avortement et des relations familiales.

Les femmes sont donc poussées à faire des enfants. Mais qu’en est-il alors lorsqu’elles se retrouvent seules pour élever leur enfant ? Malheureusement, toujours aujourd’hui, la société a rapidement tendance à la marginaliser.

Le manga Enfer et contre toutes aborde la vie de trois femmes célibataires vivant en colocation et qui surmontent leur quotidien ensemble. Parmi elles, Kana, 31 ans, mère célibataire et fraichement divorcée. Le lecteur a alors l’occasion de découvrir les différentes épreuves que ce statut réserve : de l’inscription à l’école, à trouver un logement, tout en travaillant et s’occupant de l’enfant, cela relève du parcours du combattant !

Avec L'enfant et l'oiseau, Durian Sukegawa nous plonge dans les pensées d'un bébé corbeau qui tombe de son nid et est recueilli par un jeune garçon et sa mère célibataire. Des liens très forts vont les unir. Les premières pages sont impressionnantes car le corbeau est bébé et on voit tout ce qu'il voit, avec des phrases composées d'un seul mot, des descriptions très sommaires. On vit ce qu'il vit. La relation du corbeau et de cette famille est très touchante. On ne peut s'empêcher d'être ému par cette mère qui lutte pour le bien-être de son fils et qui n'est pas du tout aidée par la société.

 

Le corps de la femme

Le corps de la femme au Japon est régi par des codes de beauté bien précis : la japonaise doit avoir la peau pâle, elle doit être menue et les traits de son visage également. Ces dernières années, le dictat de la beauté inclut de plus en plus les formes dites « occidentales », plus pulpeuses. Quoiqu’il en soit, le corps de la femme est scruté et c’est ce que commencent doucement à dénoncer certaines autrices.

Asako Yuzuki dans Le beurre de Manako développe beaucoup de thèmes comme les injonctions que la société peut dicter aux femmes, des sujets comme la prise de poids mal vue dans nos sociétés, la solitude, les relations humaines, la culpabilité, l'envie de s'en sortir et ce peu importe le prix. Au travers du quotidien de Rika, jeune journaliste ambitieuse mais surmenée, qui se trouve bouleversé quand elle rencontre Manako, une femme accusée d’avoir assassiné trois de ses amants. Par ces rencontres basées sur la nourriture et les diverses recettes de Manako, Rika va commencer à prendre quelques kilos et se rendre compte du regard des autres sur son corps qui change.

Seins et oeufs offre également une vision du corps modifié, mais cette fois volontairement. Mariko, quitté par son mari et mère d’une adolescente, a un rêve tournant à l’obsession : le projet de modifier son apparence en ayant recours à la chirurgie plastique. Ce rêve est devenu pour elle le seul moyen d’aspirer à un bonheur nouveau, d’échapper à la haine de soi. Les réactions de sa sœur Natchan et de sa fille Midoriko ne se font pas attendre et ne vont pas dans son sens. Ce livre percutant, provocant et parfois drôle convoque les enjeux de la féminité et de la séduction à travers le regard de trois femmes japonaises de générations différentes

La femme dans le couple et la sexualité

Il existe un ouvrage intitulé « La grande étude des femmes », manuel de la bonne épouse destiné aux jeunes filles des classes supérieures. Yukichi Fukuzawa s'est très vite intéressé à la question de la place de la femme dans la société, notamment à une période où le Japon s’ouvre contre son gré à l’occident, et se confronte à la morale confucianiste qui dominait à l’époque. Dans Contre La grande étude des femmes : textes de Fukuzawa Yukichi sur le couple et la famille, il va totalement contre l’ouvrage initial et partage, au travers de textes percutants, ses idées encore toujours d’actualité dans nos sociétés actuelles : l’importance de l’éducation des jeunes filles, au même titre que les garçons, ainsi que le besoin de respecter les femmes, surtout au sein du foyer. Une œuvre qui a tout son intérêt dans les discours d’aujourd’hui.

Elle ne rentre pas celle de mon mari est une bonne entrée en matière dans le thème de la sexualité au sein du couple japonais. C’est un sujet « osé » qui est abordé et traité au travers de Sachiko, un personnage fictif mais qui reflète l’autrice du roman autobiographique d’origine. Sachiko est en couple, elle est amoureuse, mais voilà, celui qu’elle aime ne parvient pas à lui faire l’amour. Comment la femme vit-elle cette situation ? Comment le couple va-t-il traverser cette épreuve ? Car en plus de la pression sociale, le manga pointe un autre souci : la communication au sein d'un couple.

En parlant de pression sociale : Dans Tokyo Tarareba Girls, la mangaka Akiko Higashimura dénonce la pression qui est infligée aux femmes : avoir une situation stable, être mariée avant un certain âge, tomber enceinte, trouver un mari riche...et ce formatage qui rend certaines femmes totalement impuissantes et dépossédées de leur destin.

Mariage = effacement de l'individu ?

C’est la question qu’évoque Yukiko Motoya dans Mariage contre nature. Depuis qu'elle a quitté son boulot pour se marier, San s'ennuie un peu à la maison. Surtout que son mari, à peine rentré le soir, joue les plantes vertes devant la télévision. L'idée que développe Yukiko Motoya sur le mariage est très intéressante. Le mariage engloutit les caractéristiques de chacun pour ne former qu'un tout uniforme, ce qui est particulièrement frappant et terrifiant. Comme si l'individu n'était plus, le mari et la femme partagent tout jusqu'à la conscience.

Autre thématique, celle de l’homosexualité, qui est toujours un sujet tabou au Japon. Pourtant c’est un sujet joliment abordé dans Le Jardin Arc-en-ciel. Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles se retrouvent à nouveau et ne se lâchent plus. Plus tard, elles trouvent refuge en famille dans un village de montagne et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre. L’autrice nous emmène dans cette maison reculée, ouverte à tous, dans laquelle la tolérance et l’acceptation sont de mises. Grâce à cette histoire d’amour, mais aussi de famille recomposée autour d’un couple de femmes, nous pouvons avoir un regard sur la famille homoparentale au pays du soleil levant.

Dans un pays où le viol est un sujet tabou, les femmes sont incitées à ne pas le dénoncer : soucieuses de leur réputation, les femmes préfèrent se taire plutôt que d'affronter le regard pesant et encore incompréhensif de la société. Pourtant, la journaliste Shiori Ito, violée par un confrère, dénonce dans La boite noire les failles de cette société qui ne fait rien pour aider les victimes. Le lecteur découvre avec elle des notions du droit japonais telles que ''la boîte noire'', le ''quasi-viol'', les lois archaïques auxquelles elle est confrontée et surtout, s’indigne des nombreuses barrières érigées par les hommes pour se protéger.

Dans En proie au silence nous pouvons suivre Misuzu qui tente tant bien que mal de mener son existence, la tête haute. En effet, autrefois violée par le conjoint de sa meilleure "amie", cette professeure désabusée porte un regard cynique sur la société. Comment affronter le traumatisme et vivre après cela ? Comment trouver son équilibre dans un monde aussi injuste et inégal, de surcroît quand on est une femme ? Ce thème est également abordé, avec finesse et poésie, par Mieko Kawakami dans son roman De toutes les nuits, les amants.

 

Être une femme au travail

Les attentes traditionnelles de la maternité et de la femme restant au foyer se heurtent de plus en plus au désir des Japonaises de s’émanciper. Elles sont ainsi confrontées à de nombreux obstacles sur le marché du travail : reléguées à des emplois souvent inférieurs, elles ont du mal à trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.

Journal d'un vide raconte justement l’histoire d’une femme, Madame Shibata, travaillant dans une entreprise où elle est automatiquement, par son genre, relayée au rang de préposée au café. Un jour, la goutte de café fait déborder le vase : Madame Shibata déclare être enceinte. Elle ne peut donc plus s’occuper du café ! Très vite, le comportement de ses collègues envers elle se met à changer et elle se rend compte qu’elle n'avait plus de vie, plus d'horaire de travail décente. Sa vie était son travail et en se servant de ce mensonge pour ne plus faire certaines tâches, elle redécouvre les joies d'avoir une vie privée, de rentrer à l'heure, de revoir ses amis, et de juste profiter de la vie.

Le manga Moi aussi soulève un autre problème majeur que rencontrent les femmes au travail : le harcèlement. L’histoire prend place au début des années 2000, où le harcèlement sexuel au travail était encore très peu dénoncé. Satsuki Yamaguchi travaille en intérim en tant qu'opératrice dans un service client téléphonique et est très investie dans son travail. Pourtant, elle devient malheureusement la cible d'un de ses supérieurs. Nous pouvons suivre l’incompréhension face au harcèlement sexuel, l’isolement de la part de ses collègues et surtout l’impact sur l’état mental de Satsuki… Bien que la série en deux tomes soit une porte ouverte sur le sujet, la lutte pour faire reconnaitre le harcèlement dans un pays où la hiérarchie est si importante, reste encore difficile.


Femme en tant qu’artiste

Pour introduire la place qu’a la femme-artiste au Japon, il faut revenir quelques siècles en arrière, avec le livre Femmes galantes, femmes artistes dans le Japon ancien : XIe-XIIIe siècle de Jacqueline Pigeot. Elle présente ces femmes qui avaient pour métier de divertir les hommes, bien avant les geishas, mais qui avaient déjà un statut bien particulier. Des artistes qui étaient mêmes réclamées par de grands personnages pour animer des banquets de leurs chansons, danses ou tout simplement pour leur enseigner. On peut suivre la carrière de plusieurs d'entre elles et discerner la place qu'elles occupaient dans l'espace social. On donne surtout à entendre le discours de leurs contemporains, hommes aussi bien que femmes : c'est d'abord une histoire des représentations qui est ici proposée.

Yayoi Kusama est une artiste contemporaine japonaise avant-gardiste, peintre, sculptrice et écrivaine. Elle est notamment connue pour utiliser des pois et des couleurs sur ses œuvres. Kusama ayant grandi dans une société japonaise patriarcale, incomprise de ses proches, a souvent exprimé dans son travail un message féministe. Vous pouvez retrouver les œuvres de l’artiste dans Yayoi Kusama: I Spend Each Day Embracing Flowers, une rétrospective de l’exposition de ses œuvres, ainsi que dans Yayoi Kusama: Infinite Present. Dans Alice au pays des merveilles, elle illustre parfaitement l’œuvre de Lewis Carroll.

 

Les geishas

Figure emblématique au visage blanc et au kimono parfaitement porté, la Geisha est la représentation même de la féminité et de la culture japonaise. Le statut de Geisha a grandement évolué au fil du temps et elles sont aujourd’hui loin de l’image que l’on en garde en occident : autrefois des prostituées de luxe, une geisha est avant tout une artiste accomplie, alliant danse et instruments de musique, ainsi qu’une femme cultivée, capable de tenir de longue conversation et d’effectuer la cérémonie du thé.

Kinu Yamaguchi, vendue à l'âge de huit ans, raconte dans ses Mémoires d’une geisha, l'envers du décor de son métier de Geisha : avant de porter le kimono de soie, il lui faudra vivre un apprentissage rigoureux, étudier tous les arts de divertissement et endurer pour cela privations et parfois, violence de ses ainées. C’est un récit bouleversant, mais une description édifiante de la vie de tous les jours dans l'intimité d'une okiya. On y entend des histoires de plaisirs, de chagrins, de courage aussi, qui éclairent sous un jour nouveau ce monde fermé sur lequel l'Occident ne cesse de s'illusionner. C’est une histoire similaire qui est écrite dans Geisha, où Sayuri est devenue la Geisha la plus convoitée de Kyoto.

Enfin, dans Maiko, journal d’une apprentie geisha, Koyoshi de Kyoto raconte le long et difficile chemin qu'elle suit avec patience, et enthousiasme, pour devenir geisha. D'abord il faut changer de nom, comme pour une nouvelle naissance. Puis, ce n’est plus qu’une continuité de codification rigoureuse. Plus qu'une profession, c'est un art de vivre, fondé sur l'attention portée aux moindres détails de l'être.

 

Cassandra & Laura


Bibliographie

Femmes à l'aube du Japon moderne
15.75 €
Disponible
Femmes du Japon : puissance et secrets
22.00 €
Disponible
Le Japon des femmes : du IIe siècle à nos jours
29.90 €
Disponible
Une idéologie pour survivre : Débats féministes sur violence et genre au Japon
25.00 €
Disponible
Enfer et contre toutes. Vol. 1
8.05 €
Disponible
L'enfant et l'oiseau
7.40 €
Disponible
Le beurre de Manako
22.90 €
Disponible
Seins et oeufs
7.00 €
Disponible
Contre La grande étude des femmes : textes de Fukuzawa Yukichi sur le couple et la famille
25.00 €
Disponible
Elle ne rentre pas, celle de mon mari. Vol. 1
13.00 €
Disponible
Tokyo tarareba girls. Vol. 1
11.00 €
Disponible sous 4 à 7j
Mariage contre nature
6.00 €
Disponible
Le jardin arc-en-ciel
8.50 €
Disponible
La boîte noire
8.50 €
Disponible sous 4 à 7j
En proie au silence. Vol. 1
8.05 €
Disponible
De toutes les nuits, les amants
8.40 €
Disponible
Journal d'un vide
8.60 €
Disponible
Moi aussi. Vol. 1
7.10 €
Disponible sous 4 à 7j
Femmes galantes, femmes artistes dans le Japon ancien : XIe-XIIIe siècle
31.50 €
Disponible
Yayoi Kusama: I Spend Each Day Embracing Flowers
62.00 €
Disponible
Mémoires d'une Geisha
9.00 €
Disponible
Geisha
9.90 €
Disponible
Maiko : Journal d'une apprentie geisha
8.00 €
Disponible