Collection Bibliothèque chinoise des Belles Lettres
A l'approche des fêtes, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir la magnifique et savante collection Bibliothèque chinoise de la grande maison d'édition Les Belles Lettres.
Dirigée par les éminents sinologues : Anne Cheng, Marc Kalinowski et Stéphane Feuillas, la collection Bibliothèque chinoise donne accès à des textes fondamentaux dans les domaines des lettres et des sciences : philosophie, poésie, histoire, traités politiques et militaires, médecine, astronomie, mathématiques, etc. A la fois pointue et très diversifiée, cette collection s'adresse tout autant aux lecteurs non sinophones, qu'aux étudiants et chercheurs, désireux de prendre connaissance des textes chinois les plus emblématiques et significatifs - de l'époque de Confucius à la fin du
régime impérial.
Par ailleurs, ces textes - traduits et commentés par de grands spécialistes de la Chine sont proposés dans une version bilingue et accompagnés d'une longue introduction ainsi que d'un appareil critique : notes, chronologie, glossaire, index, qui en facilite et agrémente la lecture.
Voici quelques-uns de ces ouvrages qui je l'espère, sauront susciter votre curiosité !
La toute fraîche et dernière parution de la collection s'intitule Maitre de Huainan - Traité des figures célestes. Elle porte sur le domaine passionnant des sciences et du ciel. Cet ouvrage, traduit et commenté par Marc Kalinowski constitue le troisième chapitre du Huainanzi (le Maitre de Huainan) : un vaste compendium de vingt et un chapitre attribué à Liu An composé au début de la dynastie Han (206 av. J.-C.- 220 apr. J.-C.). Traitant des sujets aussi divers que la cosmologie, l'astronomie, l'astrologie, l'harmonie musicale, le calendrier, ce chapitre constitue l'un des plus anciens écrits sur les sciences célestes. C'est un ouvrage captivant et rare, auquel s'est attelé l'un des plus grands spécialistes de ces thématiques.
Pour les amoureux de l'histoire et des techniques Le papier dans la Chine impériale - origines, fabrication, usages est une étude passionnante sur l'histoire du papier en Chine ancienne. Considéré comme l'un des quatre trésors du lettré chinois traditionnel, avec le pinceau, l'encre et la pierre à encre, le papier et son histoire (de sa fabrication à sa circulation) sont restés assez longtemps mal documentés. Jean-Pierre Drège remédie magnifiquement à cela en faisant l'analyse de sources historiques, littéraires ou techniques, encyclopédies ou monographies provinciales et locales. Directeur d'études à l’École pratique des hautes études, puis directeur de l’École française d’Extrême-Orient, Jean-Pierre Drège est historien du livre chinois et a plus particulièrement traité de l’histoire des manuscrits, particulièrement les manuscrits découverts à Dunhuang, et des débuts du livre imprimé, jusqu’au XIIe siècle.
Si vous souhaitez vous plonger dans la poésie pour passer l'hiver de la plus belle des façons, la collection propose plusieurs recueils d'auteurs de renom en Chine ancienne à commencer par Commémorations de la main de Su Shi (1037-1101) l'un des grands poètes et penseurs de la Chine des Song. Traduit par Stéphane Feuillas, spécialiste entre autres domaines, du renouveau littéraire et théorique de la Dynastie des Song, ce recueil compile plusieurs textes sur la forme de la commémoration : forme brève, destinée à être gravée sur une stèle. On ne pourrait mieux résumer cet ouvrage que par les mots de Stéphane Feuillas : "Tout à tour prudentes, narquoises, érudites, précises ou empreintes d'autodérision, les soixante et une commémorations brossent le portrait d'un esprit libre, soucieux de mettre sa pensée en conformité avec ses actes, prompt à révoquer les savoirs révolus au contact de l'expérience, attaché à construire une éthique communautaire et à restituer, au-delà des oppositions de doctrine, la mission confucéenne par excellence : apprendre à être un homme."
Trois magnifiques volumes sont également consacrés à Du Fu (712-770), poète ayant vécu sous les Tang, l'un des plus grands que la Chine ait compté : Poèmes de jeunesse (735-755) Œuvres poétiques I, La guerre civile (755-759) Œuvres poétiques II, Au bout du monde (759) Œuvre poétique III. Comme l'indique Nicolas Chapuis, le traducteur et commentateur de l'ouvrage "Du Fu chante sur un mode épique la chute de l’Empire, la désolation des défaites, la précarité des grands et des humbles, et l’espoir de la reconquête." Ce grand lettré est en effet souvent décrit comme un poète-historien et ses œuvres transmettent l'importance des questions politiques et sociales sans faire l'impasse sur l'émotion. Par ailleurs, ses poèmes sont remarquables par leur diversité et leur potentiel émotionnel.
Dans le domaine de la philosophie, Xunzi (310 - 230 BC) est l'un des penseurs le plus influents de la fin de l'Antiquité chinoise, avant que la Chine ne soit pour la première fois unifiée sous l'égide de Qishi Huangdi. Sa pensée, compilée sous le titre Ecrits de Maitre Xun, traduite et commentée par Ivan P. Kamenarovic, a mobilisé bon nombre de lettrés qui furent associés au courant légiste. Xunzi eu de nombreux disciples, notamment à la célèbre Académie Jixia au pays de Qi, envers lesquels il continua à transmettre l'enseignement de Confucius mais dans une veine très rigoriste et en se distinguant très fortement des idées de Mencius. La profondeur et la rigueur de ses propos en font l'un des penseurs les plus fascinants de la Chine classique et ceux-ci restent vivaces plus de deux mille ans après avoir été énoncés.
Un peu plus tardivement, sous la dynastie Han, l'ouvrage La Balance des discours (Lunheng) constitua l’une des grandes sommes philosophiques de la Chine ancienne, compilant 85 traités. Ils furent rédigés par le lettré Wang Chong (27-97?), l’un des principaux penseurs des Han orientaux et l'une des figures les plus originales de la philosophie chinoise. A l'époque où ces textes furent écrits, les dysfonctionnements du régime impérial et les dérives religieuses du confucianisme officiel soulevèrent l'indignation des lettrés. Dans ses écrits, le philosophe prend le parti de remettre en question un grand nombre de conceptions qui avaient cours en ce temps-là, que ce soit les idées de penseurs anciens, l’idéologie officielle de l’Empire ou des croyances plus populaires. La présente anthologie - traduite par Nicolas Zufferey spécialiste de la pensée chinoise ancienne - propose la traduction de vingt traités importants d’un point de vue philosophique. Un ouvrage vivement recommandé pour le point de vue passionnant qu'il apporte sur l'état de la pensée et du politique sous les Han orientaux.
Dans le bel éventail proposé par la collection en philosophie vous pourrez vous plonger dans d'autres lectures passionnantes : avec Maitre mots de Yang Xiong par exemple, autre grand esprit ayant vécu sous les Han, ouvrage traduit et commenté par Béatrice L'Haridon, ou avec Mémoire scellé sur la situation de l'Empire rédigé en 1188 par le philosophe néo-confucéen Zhu Xi (1130-1200), traduit par Roger Darrobers. Deux ouvrages qui recèlent des idées novatrices et emblématiques de chacune de ces époques.
Bien d'autre ouvrages remarquables sont bien sûr proposés tels que Les deux arbres de la Voie : Le Livre de Lao-Tseu, Les Entretiens de Confucius traduit par le brillant sinologue Jean Levi, ou encore des écrits essentiels relevant de la doctrine bouddhiste tels que Commentaire au Traité de la naissance dans la Terre Pure de Vasubandhu traduit par Jêrome Ducor, ou encore Mémoire sur les monastères bouddhiques de Luoyang de Yuang Xuanzhi traduit par Jean-Marie Lourme.
Nous ne pouvons vous présenter l'ensemble des ouvrages de cette belle collection mais seulement vous inviter à prendre le temps de la parcourir et vous rappeler qu'elle permet d'avoir accès à la richesse et à la diversité de la civilisation chinoise, tout en ayant bénéficiée du regard des plus grands spécialistes de la Chine.
-Elodie